Un potager bio sur mon balcon

Cultiver un potager biologique en ville, recycler ses déchets, favoriser la biodiversité,
s'évader au coeur d'un jardin de senteurs et ... tellement plus !

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Livres coup de coeur

Les Incroyables Comestibles – Plantez des légumes, faites éclore une révolution

Cet ouvrage publié chez Actes Sud, a été écrit par Pam Warhust et Joanna Dobson. Il relate l’incroyable histoire de l’évolution de la ville de Todmorden, dans le West Yorkshire en Angleterre :

Alors que Todmorden avait été par le passé un centre important de production de textile, la ville a subi de plein fouet la récession des industries manufacturières dans l’après-guerre, qui a pris plus d’ampleur encore à partir des années 1970. Todmorden s’est retrouvée prise dans un cercle vicieux, à l’image d’autres petites villes anéanties par la crise économique. Les commerces et les pubs ont mis la clé sous ont mis la clé sous la porte, le marché de plein air a perdu du terrain face a la concurrence des grandes surfaces, les prix de l’immobilier en plongé et beaucoup d’habitants ont été contraints de parcourir des distances toujours plus longues pour trouver du travail.

Face à cette situation déprimante et prenant conscience de l’état désastreux de l’environnement sur la planète, Pam Warhust décide d’agir :

Et je me suis dit : Ca suffit. Fini les discours, finie l’inertie, fini d’attendre qu’un leader quelconque sorte un lapin cosmique de son chapeau pour résoudre tous nos problèmes. Je me suis dit : il est temps d’agir. Je ne supporte plus ce que nous infligeons à notre planète.

Avec Mary Clear, elle décide de planter des légumes dans tous les espaces vacants de la ville, accompagnés de panneaux invitant les gens à se servir. Les actions menées sont fondées sur trois principes :

  1. De l’action, pas de discours,
  2. Nous ne sommes pas des victimes, il suffit de s’y mettre,
  3. Ne pas se refiler la patate chaude.

Pour faire fonctionner l’expérience, les Incroyables Comestibles s’appuient sur la communauté (comment mieux vivre ensemble au quotidien), l’apprentissage (comment partager nos savoir-faire dans les établissements scolaires et au dehors) et l’aspect économique (assurer aux résidents un travail qui ait du sens et qui puisse être le moyen de subvenir aux besoins de leur famille), tout cela avec un état d’esprit bienveillant. Au bout de quelques années, la ville est transformée :

Aujourd’hui, les gens viennent de partout pour voir leurs propres yeux la révolution que nous avons nommé « les Incroyables Comestibles de Todmorden ». Nous avons accueilli des universitaires suédois, des experts en pédagogie du Japon et des touristes venant d’aussi loin que le Venezuela ou la nouvelle Zélande. Toutes nos écoles primaires cultivent leurs propres verger et potager. Todmorden High School, notre établissement d’enseignement secondaire dispose d’une serre sous tunnel regorgeant de produits bio pour sa cantine. Devant le cabinet médical, un petit jardin déborde d’herbes médicinales. Quand aux particuliers, ils ouvrent grande leur porte pour dispenser des cours de cuisine. Des liens ce créent ainsi entre les générations, les plus âgés apprenant à leur jeunes voisins a redécouvrir des arts oubliés, comme la mise en conserve ou la confection de confitures.

Le mouvement est depuis devenu mondial (cf. le site lesincroyablescomestibles.fr), avec des antennes dans de nombreux pays. En France, il y a une explosion du nombre de villes et de villages qui participent à cette dynamique.

Je suis particulièrement très touché par toutes ces actions emplies de créativité, de solidarité et de joie. Ce livre est porteur d’espoir, il donne envie de se lancer, de tenter des choses qui n’ont jamais été réalisées, sans se laisser atteindre par la morosité ou le pessimisme.

 

L’homme qui parle avec les plantes

Cet ouvrage publié chez Clair de terre, écrit par Yvo Perez Barreto, raconte l’histoire magnifique de Don José Carmen, paysan mexicain qui a réussi à obtenir :

On pourrait croire que ces résultats proviennent d’un excès d’engrais azoté, d’une terre particulièrement fertile ou de variétés hybrides performantes. C’est ce qu’on pensé des agronomes mexicains quand l’information est sortie dans le presse. Des études comparatives ont donc été menées, en demandant à Don José Carmen de produire sur d’autres types de sols, et en plantant à côté sur des parcelles témoin le même type de légumes. Les résultats incroyables ont été reproduits sous le contrôle des scientifiques.

En réalité, les méthodes utilisées par Don José Carmen sont incompréhensibles (dans l’état actuel de la science) pour un esprit uniquement rationnel. Comme les chamanes, il a une connexion privilégiée avec les plantes, avec la Nature et c’est grâce à cette proximité qu’il perçoit ce dont les plantes ont besoin. Ainsi pour Don José Carmen :

Il faut travailler la terre en observant les plantes. C’est absurde de suivre une notice à la lettre et de s’en tenir aux fréquences d’arrosage indiquées, alors que chaque plante est différente. […]. Ce qu’il faut, c’est demander à la plante ce dont elle a besoin et ce qui est superflu. Mais les scientifiques, imbus de leur importance, ne voient pas l’intérêt de procéder ainsi.

Initialement vers 1950, il a cherché à améliorer sa production avec du fumier et du compost, puis il a décodé un codex Maya pour s’inspirer des méthodes de culture pré-colombiennes. Il a acquis alors des capacités extraordinaires dont :

Ce qui m’a particulièrement intéressé dans la lecture de ce livre, c’est qu’il ouvre complètement les perspectives. Don José Carmen n’oppose pas l’agriculture biologique et conventionnelle, il n’a aucun préconçu idéologique et très peu de formation académique au départ, ce qui lui permet d’explorer sans limite. Ses résultats exceptionnels montrent qu’il y a énormément de choses à découvrir et que l’agriculture ne se limite pas à quelques techniques pré-définies. Son désir n’est pas (comme trop souvent) de s’enrichir personnellement au détriment de la santé de la planète et en exploitant d’autres êtres humains. Au contraire, son objectif est de mettre ses connaissances à la portée de tous pour nourrir toute la population mondiale en restaurant les paysages détruits par l’activité humaine aveugle.

La richesse de ce livre ne peut bien sûr pas être résumée ici en si peu de mots. On peut se le procurer sur le site de Yvo Perez Barreto. Un documentaire a aussi été publié, aussi incroyable et inspirant que le livre.

 

Le manuel des jardins agroécologiques – soigner la terre, mieux nourrir les hommes

Dans cet ouvrage publié chez Actes Sud, les animateurs des jardins du Mas de Beaulieu, en Ardèche, présentent pas à pas leur approche agroécologique du potager à partir de leur expérience acquise au cours des 15 dernières années.  La vision qu’ils partagent ne se réduit pas à un ensemble de techniques de culture mais repose sur une  vision humaniste de la société et de la nature, faite de respect et de solidarité. Sont abordés de manière détaillée les thèmes suivants :

Des fiches techniques très concrètes sont aussi fournies sur :

Ce que j’apprécie particulièrement dans cet ouvrage, outre la vision humaniste qui le sous-tend, c’est que les techniques présentées ont toutes été testées jour après jour avec constance, humilité et rigueur. Il ne s’agit pas d’un ouvrage affirmant des choses théoriques et générales, qui n’ont pas été vérifiées et qui reposent sur des  préjugés ou des idées toutes faites sur l’écologie, l’agriculture biologique, l’agriculture conventionnelle etc.

 

Le nouveau régime méditerranéen

Cet ouvrage est publié chez terre vivante, écrit par le Dr Michel de Lorgeril, médecin et chercheur en nutrition au CNRS avec la participation de Patricia Salen présente de manière très complète le régime méditerranéen mais aussi de nombreux autres régimes (anticholestérol, antihypertension, antidiabète, anticancers, amaigrissants, paléolithique, Seignalet etc.) et fait le point sur les connaissances actuelles en matière de nutrition et de santé mais aussi sur tous les aspects économiques et environnementaux des pratiques agricoles et nutritionnelles actuelles (alimentation biologique, OGM, aquaculture, changement climatique, antibiotiques dans les élevages animaux, gaz phosphine, cadmium, permaculture etc.)

Concernant la nutrition, il analyse de manière fouillée :

Il revient ensuite sur les boissons alcoolisées et le paradoxe français ( historique de la mise en évidence du French paradox, alcool et cancers, paradoxe français et « bonne cuisine du Périgord »), entre en détail dans les aspects économiques et environnementaux.

Il s’agit d’un ouvrage très complet qui aborde sans aucun parti pris idéologique l’ensemble des problèmes de société liés à l’alimentation, la pollution, l’agriculture, la santé, l’écologie etc.

J’apprécie particulièrement la rigueur et l’honnêteté intellectuelle dont fait preuve l’auteur dans son analyse (lorsque les connaissances scientifiques actuelles ne permettent pas d’arriver à une conclusion précise, ou lorsque certaines études sont incomplètes ou reposent sur des données partielles, il n’hésite pas à le dire clairement).

Par ailleurs, je trouve son livre très complet et très éclairant sur les aspects nutritionnels. Souvent on entend dans les médias que tel ou tel produit est « bon » ou « mauvais » pour la santé, qu’il permet de se protéger contre telle ou telle maladie etc. mais les informations données sont souvent très incomplètes voire biaisées, les analyses superficielles et les conclusions hâtives. Cet ouvrage écrit par un scientifique permet d’avoir une vision plus synthétique et plus rigoureuse de l’ensemble de ces questions.

 

Plaidoyer pour l’herboristerie

Cet ouvrage publié chez Actes Sud et écrit par Thierry Thévenin donne une vision complète et nuancée de la situation de l’herboristerie en France aujourd’hui. Les thèmes abordés sont les suivants :

Lorsqu’on est passionné par le monde des plantes et de leurs usages, on peut être un peu dérouté par la difficulté qu’ont en France les herboristes à être reconnus officiellement et à exercer leur profession. A ce sujet le livre de Thierry Thévenin permet de bien comprendre la spécificité Française (étude historique de la profession en France avec l’interdiction sous le régime de Vichy et comparaison avec les situations dans d’autres pays européens).

Par ailleurs, cet ouvrage permet de faire le lien entre les évolutions en parallèle du monde agricole après la première guerre mondiale (où l’agriculture repose de plus en plus sur les engrais, les pesticides et la mécanisation) et du monde de la santé où l’on  commence à isoler les premières molécules végétales, que l’on va ensuite synthétiser, les nouvelles formes médicamenteuses s’éloignant de plus en plus de la plante brute. Dans les deux cas, la chimie joue un rôle prépondérant et l’on s‘éloigne de plus en plus des processus naturels (de régénération des sols dans le cas de l’agriculture et de production de plantes médicinales dans le second cas).

Comme dans le cas du livre de Michel de Lorgeril, j’apprécie la rigueur et la précision du livre de Thierry Thévenin ainsi que la vision synthétique qu’il donne sur l’usage des plantes en lien avec la santé.

 

Permaculture – Guérir la terre, nourrir les hommes

Cet ouvrage publié chez Actes Sud et écrit par Perrine et Charles Hervé-Gruyer retrace l’histoire de la Ferme du Bec Hellouin en Normandie. Après des vies professionnelles n’ayant pas de lien direct avec le monde paysan (Perrine était avocate et Charles navigateur), Perrine et Charles décident de s’installer dans une chaumière en 2004 pour devenir paysans. Ils commencent par planter de nombreux arbres fruitiers, créent un premier potager, construisent un four à pain, fabriquent leur cidre, des confitures, des sirops, produisent des plantes médicinales, des tisanes, puis s’initient à la traction animale, au métier de forgeron.

En 2006, ils prennent le statut d’agriculteurs et poursuivent l’aménagement du site qui se transforme peu à peu en une microferme très diversifiée. Cependant leur inexpérience les amène à trop se disperser entre leurs diverses activités qu’ils mènent de front. De plus, ils sont assez isolés dans leur démarche, la Haute-Normandie étant la région de France qui utilise le plus de pesticides (seulement 0,4% de la surface agricole de Haute-Normandie est cultivée en agriculture biologique). Le bilan au bout d’une année est décevant, le chiffre d’affaire réalisé étant de 12 000 euros pour un investissement énorme autant en temps, qu’en énergie et en argent.

Malgré les difficultés, les visiteurs sont charmés par l’ambiance qui règne dans la ferme :

Le succès social de la ferme est inversement proportionnel à son chiffre d’affaires. Nous réalisons que nos aspirations ne sont pas si différentes de celles de la majorité de nos contemporains. Nous avons suivi notre coeur en créant cet espace et les visiteurs sont touchés. Nous comprenons qu’une ferme peut produire bien plus que de la nourriture pour le corps : elle nourrit également les émotions, l’âme de nos visiteurs, et répond à ce besoin croissant de reconnexion avec la nature que nous avons évoqué.

 Cependant, l’année suivante est encore très difficile :

La saison 2008 achève de nous mettre le moral en berne. […] Pour la seconde année consécutive nous ne pouvons nous payer et sommes fortement déficitaires, alors que nous avons touché nos limites en termes de travail. Notre vie de paysans bio n’a rien, mais rien à voir avec le rêve initial. Nous nous sommes magistralement plantés. […] Nos économies s’épuisent, bientôt nous allons nous engager de plus en plus profondément dans la spirale de l’endettement.

Et puis il y a la rencontre avec la permaculture :

La permaculture est une approche fondée sur l’observation du fonctionnement de la nature. Les écosystèmes naturels sont durables, autonomes, résilients. Si nous comprenons en profondeur comment ils fonctionnent, en prenant ces écosystèmes comme modèles, nous pouvons créer des habitats humains plus durables et autonomes.

Perrine et Charles se mettent alors à cultiver sur buttes permanentes, créent un jardin mandala, des îles-jardins, une forêt-jardin, des microclimats, s’intéressent à la permaculture de Sepp Holzer (cf. le magnifique ouvrage La permaculture de Sepp Holzer et le documentaire sur sa ferme) et créent des jardins en terrasses.

Puis ils découvre la microagriculture bio-intensive, le travail d’Eliot Coleman aux Etats-Unis (cf. le livre traduit de l’anglais Des légumes en hiver : produire en abondance, même sous la neige ) et appliquent ces techniques à la ferme du Bec Hellouin. Ils reprennent aussi les méthodes utilisées par les jardiniers-maraîchers parisiens du XIX siècle, et se rendent compte que comme l’écrit John Jeavons : « l’agriculture biologiquement intensive date de quatre mille ans en Chine, de deux mille ans en Grèce et de mille ans en Amérique latine ».

Ils étudient aussi le travail de Fukuoka au Japon, les bokashi et autres potions magiques, le Korean Natural Farming et mettent en pratique toutes ces techniques de sorte que la ferme devient très productive à tel point que l’Inra décide de lancer un programme de recherche pour donner un fondement scientifique à ces pratiques novatrices.  L’étude a montré qu’en 2013, le chiffre d’affaires obtenu dans la culture de 1000 m2 de jardin cultivé a été de 39 000 euros pour 1490 heures de travail dans le jardin.

Des scientifiques constatent aussi la présence d’une très grande biodiversité (oiseaux, insectes etc.) et l’effet très positif de ce type d’agriculture sur le climat :

ce type d’agriculture stocke du carbone, même si cela reste difficile à quantifier, alors que l’agriculture industrielle contribue massivement au réchauffement climatique.

Cet ouvrage est extrêmement riche et passionnant, il est impossible d’en donner une image exhaustive. Ce que j’ai beaucoup apprécié à sa lecture, c’est que Perrine et Charles ont cherché à mettre en pratique concrètement les principes de la permaculture et qu’ils n’hésitent pas à parler de leurs difficultés, de leurs échecs. Comme l’écrit Sepp Holzer dans son ouvrage :

Je me suis malheureusement vite aperçu qu’il existe de nombreux soi-disant permaculteurs et concepteurs en permaculture qui se contentent de théories sur ce thème, mais qui n’ont aucune idée de la pratique.

Les idées véhiculées par la permaculture sont séduisantes (et à la mode …) mais il faut prendre garde à ne pas être trop idéaliste et dogmatique en affirmant des choses que l’on n’a pas testées ou expérimentées soi-même. Perrine et Charles ne tombent pas dans ce piège et je trouve leur livre très inspirant, leur courage et leur ténacité remarquables. Par ailleurs, leurs recherches tous azimuts peuvent être très utiles à tous ceux qui s’intéressent à ces domaines. Personnellement, ils m’ont donné envie de découvrir de nombreuses approches dont je n’avais jamais entendu parlé.

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